FRANCE
Présentation des trois sites étudiés pour la 3D
Les trois sites choisis pour les reconstitutions 3D en France sont représentatifs des différents types de plafonds peints, et illustrent des contextes de réalisation variés. Le travail sur la 3D est mené par François Guéna et Frédérique Bertrand du laboratoire de Modélisations pour l’Assistance à l’Activité Cognitive de la Conception (MAACC), une équipe de l’UMR MAP 3495 CNRS/MCC (Modèles et simulations pour l’Architecture le Patrimoine). Il correspond à différents buts dans les digital studies et leurs liens avec l’histoire de l’art.
1) Galerie du château de Choisy (probablement 1684-1689).
Avec le décor de la galerie du château de Choisy, un édifice disparu, il s’agit de tester une hypothèse de reconstitution d’un plafond proposée par Bénédicte Gady grâce aux outils numériques. Le château est construit par Jacques IV Gabriel vers 1680 pour « la grande Demoiselle », la cousine de Louis XIV. La grande galerie n’a peut-être jamais été peinte mais différents dessins préparatoires de Charles de La Fosse et Michel II Corneille II (dont un projet d’ensemble)) semble pouvoir correspondre à cet espace. Son décor peint constituerait, par cette illustration des actions de Louis XIV, une variation sur la galerie des Glaces (voir https://journals.openedition.org/crcv/16048 ).
-> Les buts de l’approche 3D
– reconstitution architecturale de la galerie de Choisy
– vérification de l’hypothèse du décor peint à partir des dessins conservés et reconstitution de la voute peinte de la galerie
– élaboration d’un modèle de reconstitution de décor à partir de dessins (http://test.maacc.archi.fr/Plafond-3d/35-2/le-chateau-de-choisy/ ).
2) Hôtel de la Chancellerie d’Orléans (1708, 1760-1772).
La suite de pièces de l’hôtel de la Chancellerie d’Orléans offre un cas différent. Le décor a cette fois-ci réellement existé, avec un plafond conservé peint par Antoine Coypel pour le salon de l’hôtel construit pour la maitresse du régent, mais a été modifié à la fin du XVIIIe siècle dans un réaménagement de l’hôtel par l’architecte Charles de Wailly. Tout cet ensemble décoratif a été démonté avec grand soin en 1923 puis remonté cent ans plus tard dans l’hôtel de Rohan aux Archives nationales, dont les dimensions des pièces correspondaient à peu près à celle de l’hôtel de la Chancellerie d’Orléans.
-> Les buts de l’approche 3D
– offrir une visualisation augmentée d’un décor peint existant,
– restituer la disposition des décors (par rapport aux murs d’origine reconstitués, aux dimensions de la pièce, à la séquence distributive, aux liens entre iconographie et orientation)
– reconstituer des conditions de vision (éclairage de jour, nocturne, point de vue du spectateur debout, assis sur une chaise, allongé dans la chambre à coucher, en train de se déplacer, etc.).
3) Versailles, escalier des Ambassadeurs (1672-1679)

L’escalier des Ambassadeurs, construit à Versailles entre 1672 et 1679 par François d’Orbay avec un luxueux décor conçu par Charles Le Brun est un lieu mythique. Louis XIV en a fait, avec la réalisation de la Grande Galerie, un espace pour le déploiement de son faste et de sa gloire. Malgré sa démolition dès 1752, il est resté comme l’incarnation de l’imaginaire du Grand Siècle, des tableaux de Gérôme à son imitation à Herrenchiemsee par Louis II de Bavière.
Si la pièce a disparu, elle est néanmoins restituable à partir de nombreux témoignages complémentaires : des rares fragments encore subsistants, deux recueils de gravures très précis, allant même jusqu’à permettre la restitution des décors de marbre ; des dessins pour ces gravures et l’ensemble des dessins préparatoires de Le Brun (des premières idées aux cartons à échelle) aussi bien pour les figures que pour les motifs décoratifs.
-> Les buts de l’approche 3D
La reconstitution fine de l’ensemble du décor d’une pièce, du sol au couvrement.
Une étude cinétique : la découverte progressive du décor par le spectateur, d’un point de vue frontal en entrant, puis latéral et faisant un angle de 180°. Cette mobilité du regard renforçait sans doute des éléments de la symbolique ornementale : le haut et le bas, la gauche et la droite. C’est ainsi l’agency d’un décor (l’action de l’œuvre sur le spectateur, mais aussi du spectateur sur l’œuvre) qu’il est possible d’étudier et de comprendre.
Une analyse des interactions de tous les éléments du décor dans une logique ornementale : matérialité, relief et texture, reflet et luminosité, jeu d’illusion et présence réelle, symbolique iconographique, matérielle, colorée.
La compréhension de la fabrique d’un plafond, à partir de dessins en deux dimensions (plan, figures, motifs ornementaux) à une réalisation en trois dimensions et où la couleur, la matière, la lumière et les reflets sont fondamentaux.